Montpellier le 23 mars –Faculté de Médecine - Salle des Actes
L’EUROPE ET LA FRANCOPHONIE
Yves Gazzo,
Ambassadeur, Conseiller du Grand Chancellier de l’Ordre de Malte
Les liens entre la Francophonie et l’Europe se sont renforçés au cours des dernières années, en particulier depuis la chute du mur de Berlin.
En effet, le nombre de pays francophones a sensiblement augmenté au sein de l’UE avec, d’une part, l’élargissement à 9 pays observateurs ou membres de l’OIF : la Lituanie, la Hongrie, la Pologne, la République tcheque, la Slovaquie,la Slovénie, la Roumanie , la Bulgarie et Chypre, d’autre part, la Grèce et l’Autriche, pays membres de l’UE ont adhéré à l’OIF en 2004. Avec la France, la Belgique et le Grand Duché de Luxembourg, ce sont désormais 14 pays qui sont à la fois membres de l’OIF et de l’UE.
La Représentante de l’OIF auprès de l’Union européenne, à Bruxelles, est par ailleurs une Roumaine, Maria Niculescu.
L’élargissement de la Francophonie en Europe a donc accompagné l’élargissement de l’Europe.En outre, grâce à cette poussée vers l’Est, la Francophonie a gagné en poids politique au sein de l’Europe d’abord, mais aussi dans le monde.
Langue française et diversité culturelle et linguistique
La mondialisation entraine le risque d’un unilinguisme de fait, basé sur l’anglais. Nombreux sont les observateurs, parmi lesquels, Abdou Diouf, le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ( OIF), à s’alarmer de la progressive diminution de l’usage du français au sein des Institutions européennes . Pourtant , la Charte des droits fondamentaux, intégrée au Traité de Lisbonne,a récemment confirmé le multilinguisme européen depuis toujours inscrit dans le règlement des Institutions. De plus, le français est, avec l’anglais et l’allemand, l’une des trois langues des procédures européennes. Néanmoins, force est de constater que le français régresse au sein de l’UE ( en 1994, 45 % des textes étaient produits en français et 30 % en anglais…10 ans plus tard c’est 70% en anglais et 17% en français.)
Les francophones eux-mêmes défendent leur langue au sein des Institutions. Ainsi, le plan d’action pour le français dans l’Union Européenne, œuvre conjointe de la France, du Grand Duché de Luxembourg, de la Communauté française de Belgique et de l’OIF, dispense des formations en français aux fonctionnaires européens, aux fonctionnaires nationaux et aux diplomates des représentations permanentes de l’UE ainsi qu’à des journalistes.
Dans de nombreux pays, le français occupe des positions stratégiques privilégiées comme langue administrative,langue d’enseignement, langue de l’armée, langue de justice, langue des médias , langue du commerce ou des affaires. Nous devons aussi veiller à utiliser son potentiel d’instrument politique au sein des relations internationales.
L’Union, au même titre que la Francophonie, est en outre un acteur majeur dans les négociations au sein de l’UNESCO qui a adopté une convention internationale sur la protection et la promotion de la diversité culturelle. Dans le même esprit, la Commission européenne a fait de 2008 « l’année du dialogue interculturel ». L’union soutient, par ailleurs, y compris financièrement,des évènements culturels liés à la Francophonie, tel que la Biennale des Rencontres africaines de la photographie à Bamako.
Paix, démocratie et droits de l’homme
Les liens entre les deux parties revêtent aussi une dimension politique. L’Europe et la Francophonie partagent un certain nombre de valeurs. Ainsi, parmi les critères d’adhésion de l’Union européenne comme l’OIF, on trouve le respect et « l’attachement aux valeurs communes », la démocratie et le respect des droits de l’homme.
C’est pourquoi l’UE et l’OIF sont amenées à collaborer sur le terrain. Par le passé, les deux organisations ont ainsi envoyés des missions d’observation électorales, par exemple au Togo en 1999 ou encore au Congo en 2002.
Développement durable et solidarité
Les deux organisations sont par ailleurs pleinement conscientes que la prospérité constitue la meilleure garantie pour la démocratie et les droits de l’homme. C’est pourquoi, elles mènent ensemble une stratégie de solidarité et de développement. L’UE étant le premier bailleur d’aide publique au développement, il était normal que la coopération entre l’UE et l’OIF s’intensifie. C’est ainsi qu’en 2006, la Commission européenne et l’Organisation internationale de la Francophonie ont signé un protocole de partenariat. Les deux institutions travaillent ensemble à un certain nombre de projets, par exemple en Haiti, au renforcement du système judiciaire.
Les liens culturels entre l’Union et la Francophonie sont donc la base d’une coopération politique efficace. Le partenariat Europe-Francophonie est essentiel pour la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme, mais aussi pour les efforts faits en faveur de l’éducation, de la sécurité et de la prospérité dans le monde ; il est appelé à se développer au cours des prochaines années.
Pour que ce partenariat soit efficace et rendre les effets escomptés
( éviter le monolinguisme, véhiculer les valeurs, y compris culturelles, propres à la francophonie) il convient que les deux partenaires s’engagent dans une réflexion pro-active de la langue française, une démarche qui mériterait d’être engagée avec une vigueur plus soutenue.
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Michel PENAUD (mercredi, 06 mai 2015 18:48)
Le développement de la francophonie (qui n'est pas forcément l'expansion de la langue française) à l'étranger est une très bonne chose mais il faudrait que cela s'applique et s'impose aussi sur le territoire national où les présentateurs, chroniqueurs, commentateurs, débatteurs, journalistes et autres intervenants dans les médias font assaut de fatuité en utilisant de plus en plus, de façon aussi inappropriée que mal prononcée, des mots et expressions de l'anglo-américain qui appauvrissent notre pourtant riche vocabulaire ("booster", low cost, dance floor, interview, prime time, news et autres news letters, les nights de ceci ou de cela, crowd funding etc. etc.)(et même "teddy bear", prononcé "teddy beer", de quoi mourir de rire pour un anglophone!) en ajoutant souvent stupidement "qui signifie en français..." plutôt que de s'exprimer directement dans notre langue. Tous ces gens ne se rendent pas compte du ridicule et de la bêtise de leur comportement.
Récemment, un service des impôts m'a même demandé des précisions sur, un ou une ?, "box" que je posséderais (sans doute appelé aussi "parking", qui signifierait en français "parc de stationnement") auquel cas j'ai répondu que je voyais pas de quelle boite il pouvait bien s'agir. Je ne sais encore si ce service a apprécié...
C'est aux autorités qu'il appartient de faire respecter la loi Toubon, et en premier lieu dans les médias publics, mais c'est une bien rude tâche.
michelpenaud@gmail.com
Anna Owhadi Richardson (jeudi, 25 juin 2015 06:45)
Tout à fait d'accord avec vous , cher M. Michel Penaud....
Nous bradons et polluons la langue de Molière ...La remise en question de l'enseignement du latin et du grec sera le coup de grâce ... Bientôt ce sera le verlan ou le vocabulaire des SMS qui sera dans le Larousse !
Je vous invite à nous rejoindre le 20 mars 2016 à la Journée internationale de la francophonie. AD@lY l'organise fidèlement à Montpellier depuis le 20 mars 1998.
Chaleureusement vôtre
Anna Owhadi Richardson